Le premier tour de l’élection 2022 au Brésil s’est terminé avec 21% d’abstention et le résultat suivant :
1er – Lula : 48,4%
2e – Bolsonaro : 43,2% (-5,2%)
3e – Tebet : 4,2%
4e – Ciro : 3,0%
5e – 7 candidats regroupant 1,2% des votes
C’est l’élection présidentielle, au premier tour, la plus serrée depuis la démocratisation avec un écart de 5,2%.
Cette élection est comparable avec celle de 2014 au cours de laquelle s’affrontaient clairement deux candidats très opposés mais sans la force populaire de Lula et Bolsonaro.
Le premier tour de l’élection présidentielle de 2014 s’était terminé avec un taux d’abstention de 19% et le résultat suivant :
1ère Dilma : 41,6%
2e Aécio : 33,6% (-8,0%)
3e – Marina : 21,3%
4e – Genro : 1,6%
5e – 7 candidats pour 1,9% des votes
LES FAITS
- Marina et Genro en 2014 étaient des candidats radicaux de gauche très liés au PT de Lula.
- La différence est tombée de 8% au premier tour à 3,2% au deuxième tour.
- En 2014, 40% des voix des candidats perdants (radicaux de gauche) ont été reportés sur Dilma et 60% sur le candidat Aécio, malgré 23% d’électeurs pour les radicaux de gauche au premier tour.
- La vague conservatrice en 2014 était au début, alors qu’aujourd’hui elle est très forte.
- Aécio, au deuxième tour, n’a pas pu compter sur l’appui de 2 des 3 plus grands collèges électoraux du Brésil. Il a eu l’appui du gouverneur de São Paulo (34,7 millions d’électeurs). Mais les gouverneurs de Minas (16,2 millions d’électeurs) et Rio (12,8 millions d’électeurs) ont fait campagne pour Dilma.
- Bolsonaro compte avec l’appui des 3 gouverneurs: São Paulo, Minas et Rio et les 7,2% de Tebet et Ciro sont des électeurs du centre droite et centre gauche respectivement.
- Au Brésil le vote est individuel et rarement idéologique.
- Le Brésil est aujourd’hui franchement polarisé entre deux visions de pays très très différentes.
- La probabilité d’une victoire de Bolsonaro au 2nd tour est bien supérieure à celle de Aécio en 2014, quand Aécio avait récupéré 5 points sur 8.
La différence est aujourd’hui de 5 points ! - Bolsonaro a élu la première Assemblée nationale de droite depuis la première élection au suffrage universel de 1989, après 21 ans de dictature.
- Il sera beaucoup plus facile à Bolsonaro de gouverner avec cette assemblée (députés + Sénat).
Lula vivrait une espèce de cohabitation forcée et n’aurait pas de force pour approuver son agenda.
Par Alex Bourgeois